Ivory Coast Times

Ivory Coast Times

General

Côte d’Ivoire-AIP/ Le Médiateur de la République veut renforcer sa proximité avec les populations (Interview)

Odienné, La secrétaire générale de l’institution « Le Médiateur de la République » (LMR), Suzanne Haddad N’Guessan-Zékré, a effectué une série de visites, du mardi 25 au samedi 29 avril 2023, dans les délégations régionales du Cavally (Guiglo), du Guémon (Duékoué), du Tonkpi (Man), du Bafing (Touba), et du Kabadougou (Odienné).

Dans une interview accordée à l’AIP à Odienné, la dernière étape, Mme Haddad a situé sur les motivations de sa mission dans ces régions et livré le constat des efforts à fournir par son institution de sa proximité avec les populations.

AIP : Vous achevez à Odienné une mission dans cinq délégations régionales, qu’est-ce qui a motivé, Mme la secrétaire générale, ces visites ?

SG LMR : L’Institution le Médiateur de la République a son siège à Yamoussoukro, une permanence à Abidjan et 14 délégations réparties dans tout le pays. Notre objectif est que le travail qui se fait au siège à Yamoussoukro, à la permanence et dans les délégations soit conduit de la même manière, notamment les procédures que nous donnons. Ainsi, régulièrement nous venons dans les délégations pour voir si ces procédures ont été suivies, pour apprécier le travail. Voici donc l’objectif visé.

Il y a un peu plus de deux ans, nous sommes passés dans des délégations où nous avons pu voir le travail effectué. Des recommandations ont été faites. Il était temps que nous venions voir comment ces recommandations ont été suivies.

AIP : Pourquoi ces cinq délégations spécifiquement et pas les autres ?

SG LMR : Les autres délégations vont également être visitées à temps opportun. D’ici un mois, un mois et demi, puisque toutes n’ont pas été installées à la même période et qu’elles n’ont pas non plus été visitées à la période, la première fois. Nous le faisons de façon échelonnée.

AIP : Quel constat vous a-t-il été donné de faire dans l’ensemble après ces premières visites ? Etes-vous satisfaite de ce que vous avez vu ?

SG LMR : Je ne vais pas dire que tout est parfait ou que tout n’est pas bon, c’est un peu mitigé. Relativement à l’installation matérielle des délégations, le siège a fait beaucoup d’efforts pour que les délégations soient animées de manière correcte, avec de beaux bureaux et du personnel. Donc à ce niveau, c’est bon.

Maintenant, du point de vue travail, il faut déjà dire que notre mission, en tant qu’institution de médiation, ce n’est pas de rester assis dans les bureaux et attendre que les populations arrivent. Ce serait l’idéal, mais ce n’est pas possible parce que c’est une institution qui est jeune même si elle a plus d’une vingtaine d’années. Si on compare avec une institution telle que la justice, que tout le monde connait. Vous avez un conflit, vous allez devant les tribunaux et donc c’est vous qui vous déplacez. Mais nous sommes obligés, pour ce qui nous concerne, d’aller vers les populations pour présenter l’Institution, dire qu’elle existe et qu’elle reçoit gratuitement.

AIP : Qui peut bénéficier des bénéficier des services de Le Médiateur de la République ?

SG LMR : Tout le monde. Des personnes ayant des démêlés avec l’administration dans un premier temps. L’autre mission très importante, c’est d’aider les communautés à vivre ensemble. Lorsqu’il y a des conflits, nous allons essayer de réconcilier les communautés en conflit. Que ce soit des litiges à propos de la chefferie, à propos du foncier, des conflits agriculteurs-éleveurs ou tout autre. Nous avons compétence pour le faire et je le souligne toujours, c’est de manière gracieuse.

AIP : Quelle est la vision qui sou tend la création des délégation régionales de Le Médiateur de la République ?

SG LMR : Les délégations sont des déconcentrations et non des entités décentralisées. Elles doivent toutes respecter les procédure mise en place par le siège. Les délégations n’ont pas une indépendance propre, donc le travail que les délégations font, c’est en accord avec le siège.

Pourquoi créer des délégations ? Justement, c’est pour rapprocher l’Institution de la population. Nous sommes à Yamoussoukro, à Abidjan, lorsque des populations, par exemple d’Odienné, qui doivent parcourir au moins 10 heures de route, ont besoin de nous solliciter, pensez-vous qu’elles vont se déplacer pour venir exposer leur problème. Non !

Voici pourquoi le Médiateur de la République, Adama Toungara, a mis l’accent sur la création de ces délégations pour rapprocher l’Institution des populations et pour conférer une meilleure visibilité à cette institution

AIP : La date des élections locales est connue. Avez-vous évoqué le sujet lors de vos visites, relativement à la mission de pacification de l’Institution ?

SG LMR : Forcément que nous avons évoqué le sujet, dans la mesure où l’Institution a pour mission de pacifier les relations, de prôner le vivre ensemble, la cohésion sociale.

Les élections, vous savez, c’est malheureusement l’occasion de soulever de vieilles querelles, de conflits. Donc, il est tout à fait normal que nous, en tant que médiateurs, nous nous intéressions aux élections qui vont arriver.

Ce n’est pas facile, parce que tout est entouré de financement, mais les médiateurs délégués iront dans les sous-préfectures, dans les gros villages et même les petits, surtout dans les endroits où on sait qu’il y a déjà eu des conflits, il y a quelques années. Ils iront parler aux populations, aux jeunes, aux associations de femmes, aux chefs, aux hommes politiques, pour qu’on évite des conflits. Pour que les élections se passent sans violence.

AIP : C’est la consigne qui a été donnée ?

SG LMR : Tout à fait. Nous leur avons demandé de faire un programme d’action. En principe, ça devrait commencer dans le mois de juin. Un programme à déployer auprès des populations pour aplanir les difficultés.

Et, nous avons mis en place, dans toute la Côte d’Ivoire, des comités de veille qui sont des relais entre les populations et l’Institution Le Médiateur de la République. Ce sont des sachants, des gens qui connaissent bien leurs régions et sur qui nous pouvons compter pour faire passer nos messages de paix.

AIP : Avez-vous un appel particulier à l’endroit des populations ?

SG LMR : Relativement à la saisine qu’elles devraient faire, je voudrais leur dire d’aller sans réserve auprès des médiateurs délégués pour exposer leurs problèmes. Nos médiateurs sont totalement aptes à les aider pour résoudre les conflits, pour donner des conseils. Notre devise, c’est d’ailleurs : « écouter, conseiller, protéger ». Je lance cet appel, qu’elles n’aient pas de réserve, qu’elles viennent vers nous. Nous sommes assez armés pour les aider.

Source: Agence Ivoirienne de Presse