Ivory Coast Times

Ivory Coast Times

General

Côte d’Ivoire-AIP/ Le lavage d’auto, un gagne-pain pour les jeunes à Abengourou

L’auto-emploi est de plus en plus promu par les pouvoirs publics en Côte d’Ivoire dans le cadre des initiatives visant à résorber le chômage des jeunes. Il est à cet effet constaté une ruée des jeunes vers les petits métiers. À Abengourou, le lavage auto occupe bon nombre de jeunes qui ont décidé d’en faire un gagne-pain.

Un gagne-pain pour les volontaires

Plusieurs points de lavage automobiles sont installés aux abords des principales artères. Par groupe de trois ou quatre, les jeunes attendent tous les jours dès 7 heures dans leur « carré » qui se résume en une petite montée de briques construites sommairement sur trois côtés. Le matériel de travail est constitué d’un robinet installé, un seau et un long tuyau. À côté du type traditionnel de lavage auto émerge dans la ville, des points de lavage modernes avec toutes les commodités pour satisfaire la clientèle.

« Nous avons misé sur ce métier qui est notre espoir parce que c’est chaud. Il n’y a pas de travail et tout est devenu difficile », confie Coulibaly Souleymane, rencontré sur son lieu de travail dans un ravin entre les quartiers Plateau et Château à Abengourou. Il dit exercer le métier de laveur d’auto depuis quatre ans.

« Après mon CAP de mécanicien de bateau, je cherche un peu d’argent pour poursuivre et obtenir mon brevet de technicien », explique Kadjo Emmanuel, 20 ans. Il est dans le métier il y a seulement deux mois.

Sur la voie traversant les bois de teck devant l’agence de la BCEAO sont installés des jeunes « fiers de leur travail ».

Ouédrago Mamadou élève en terminale A dans un établissement de la place est leur chef. « Déjà en classe de CE1, il venait apprendre auprès de son père ». Aujourd’hui, il est propriétaire des lieux. Il travaille à ses heures libres pour « avoir mes jetons et prendre en charge mes fournitures d’école ».

A 300 mètres du siège du Conseil régional sur la voie menant à la mairie un groupe de jeunes travaillent dans une station moderne de lavage d’automobile. N’Cho Éric fait partie des jeunes recrutés. Il travaille dans un centre de lavage moderne pour le compte d’un patron. Il n’a pas souhaité ce métier « mais voyant les difficultés, je me suis dit pourquoi ne pas venir ici me chercher un peu », a expliqué l’artiste-peintre détenteur d’un brevet de technicien en décoration textile.

Atsé Assamoi Therry, 29 ans, dit avoir choisi le métier de laveur d’auto après plusieurs échecs aux concours administratifs. Titulaire d’un Baccalauréat, il a toujours rêvé de devenir policier. Il travaille pour son ‘ boss » depuis l’ouverture du point de lavage il y a un an. « J’ai passé les concours plus de trois fois, ça ne marche pas et je ne peux pas m’asseoir non plus à ne rien faire » dit-il d’une voix affligée puis il poursuit. « Au village, aussi il n’y a plus de terre pour créer des plantations ici, on ne se débrouille pas mal », dit-il entre deux jets d’eau sur un véhicule dans un décor de bruits d’aspirateur et de vrombissement de voitures.

Adama Kouamé Hamed 34 ans, ancien vendeur de vêtements, a décidé de partir de chez son ancien patron et a opté pour le lavage auto qu’il trouve « avantageux ».

Une clientèle variée, les prix en fonction du type de lavage et du véhicule.

Les jeunes laveurs d’auto travaillent avec enthousiasme. Ils fournissent des prestations de qualité et font des nettoyages irréprochables pour la plupart. Ils proposent différents coûts de nettoyage. Ils reçoivent tous les types d’engins, les véhicules personnels, des taxis, des camions, des tricycles et des motos. Ils s’occupent également des meubles, font le pressing et l’entretien des moquettes de salon. Leurs clients se comptent parmi les automobilistes et dans toutes les couches sociales. « Nous recevons très souvent les véhicules des personnalités », fait savoir Atsé Assamoi occupé à faire sortir voiture déjà nettoyée.

Son collègue, Ncho Eric tenant en main une brosse la fait passer sur la jante, les pneus et les tapis du véhicule à sa charge, puis suit l’éponge savonneuse qui passe partout, sur la carrosserie, nettoie les vitres, les fauteuils à l’intérieur tout comme le coffre arrière. Le moteur est visité et nettoyé avec soin. Au bout de trente minutes, le véhicule est restitué « propre » au propriétaire. « Le lavage simple coûte 1000 F CFA. Avec aspirateur, c’est 1500 F CFA », précise-t-il. « Quand on fait monter le véhicule sur le pont pour laver le bas, c’est 2000 F CFA », ajoute Konaté Moussa, employé dans un point de lavage voisin. Les motos tous types sont à 500 F CFA et les camions, comme celui-ci montrant du doigt un camion-benne, « c’est à partir de 2500 F CFA a fait savoir Konaté Moussa tout en dépoussiérant une voiture 4×4 stationnée sur la parcelle de lavage.

Contrairement au lavage moderne, le décor est dominé par la couleur orange des taxis qui préfèrent les points ordinaires de lavage « ici, c’est rapide et moins cher”, explique Traoré Moussa N’Golo un chauffeur de taxi à Abengourou. Un tour de bras sur la jante des pneus, on rince le véhicule, on essuie et c’est parti pour la circulation au prix de 500 F CFA pour les taxis et 1000 F CFA pour les voitures personnelles. « Parce que les taxis sont réguliers et sont toujours avec nous » se justifie Ouédraogo Mamadou.

Un métier endurant avec un salaire acceptable

À chaque lever du jour, ces jeunes doivent troquer la force de leurs biceps pour garantir leur pitance. « Le travail n’est pas difficile, mais il faut être endurant » a fait savoir N’Cho Eric. Il ajoute « on monte à 6 heures 30 et on descend à 20 heures 30 », dit-il tenant sa hanche des deux mains. Kadjo Emmanuel est du même avis. « En tout cas, il faut être courageux » soutient le jeune Kadjo. Le travail se fait tous les jours même le dimanche. Seulement que chaque employé a droit à un jour de repos au choix. Les jours de grande affluence, il est presque impossible pour les travailleurs de se restaurer. « C’est mon cas aujourd’hui. Depuis le matin, je n’ai pas encore mangé et il m’est impossible de stopper un instant parce que les clients sont pressés de voir leur véhicule totalement lavé. En dehors de certains clients « difficiles et exigeants » qui finissent par être des amis au bout du compte. Ces jeunes, rencontrent dans l’exercice de leur métier de nombreuses personnes et se font tous les jours de nouvelles connaissances parmi lesquelles figurent des personnalités. « C’est l’avantage de ce métier », souligne Ouédraogo Mamadou.

« Concernant le salaire, je ne peux pas dire ça va, je ne peux pas dire ça ne va pas, mais c’est acceptable et c’est une satisfaction morale de savoir qu’on a quelque chose » estime Assamoi Thierry. Il dit percevoir comme salaire 20 000 F CFA la semaine. Tout comme lui, ses camarades sont aussi payés par semaine. « Mais ça dépend chacun a son salaire, c’est entre et 20 000 F CFA et 25 000 F CFA selon les cas », précise le jeune Assamoi.

Certains camarades ont démarré avec 10 000 F CFA par semaine et sont payés aujourd’hui à 20 000 F CFA et d’autres à 25 000 F CFA, révèle Adama Hamed. Quant à Souleymane et Kadjo Emmanuel, ils perçoivent 4 000 F CFA par jour, « quand ça marche bien ». Environ 120 000 F CFA le mois. « Ce n’est pas négligeable, ça nous permet d’être un peu autonome et de subvenir à nos besoins » fait remarquer Kadjo Emannuel. En remerciement du service de qualité, des pourboires de 500 F CFA, 1000 F CFA, voire 2000 F CFA leur sont versés très souvent. « Ça nous favorise et nous permet d’arrondir le mois, relate Adama Kouamé Hamed.

Laveur d’auto vaut mieux que zéro

« Le métier de laveur d’auto nourrit son homme. Il faut que les jeunes qui ne travaillent pas s’y intéressent », c’est l’appel que lance Traoré Moussa N’Golo chauffeur rencontré à un point de lavage. Il estime que « un vaut mieux que zéro. C’est zéro qui n’est pas bon » fait-il remarquer. Il est soutenu par Adama Hamed pour qui il n’y a pas de sot métier pourvu qu’on y gagne sa vie.

Asté Assamoi déconseille aux jeunes les pratiques occultes sur lesquelles ils comptent pour s’enrichir. « Qu’ils laissent le broutage, la mendicité ou le vol » Certes tout est devenu difficile », avoue N’Cho Eric « mais il faut que les jeunes bravent tous les obstacles, la honte pour se mettre au travail ». Il leur conseille d’accepter de « se jeter » dans les professions considérées comme des petits métiers pour gagner leur vie.

Source: Agence Ivoirienne de Presse