Ivory Coast Times

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Côte d’Ivoire-AIP/ “La prise en charge médicale et psychosociales des populations clés va booster la lutte contre le Sida” (Présidente d’ONG)

Abidjan: Dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre le sida célébrée chaque 1er décembre qui a pour thème cette année, “L’égalité maintenant”, l’AIP est allée à la rencontre d’une ONG de lutte contre le Sida, « Conscience et Vie » (COVIE), créée en mars 2014. Elle est dirigée par Mme Kouamé Akoua Pélagie, par ailleurs présidente du Conseil d’Administration du Réseau des organisations des populations clés de Côte d’Ivoire (ROPC-CI).

Entretien.

Nos activités

Notre ONG lutte essentiellement pour l’épanouissement et l’autonomisation de la Femme, l’assistance aux veuves et aux orphelins, les violences basées sur le genre (VBG). Les cibles sont particulièrement les personnes hautement vulnérables que sont les jeunes filles victimes d’exploitations sexuelles, les populations clés, à savoir, les usagers de drogues, les populations carcérales, les Travailleuses du Sexe (TS) et leurs partenaires stables ; les Hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH)…

Les activités portent sur la santé sexuelle et reproductive, la prévention des Ist/VIH/Sida, la prise en charge médicale et psychosociale, la promotion de droits humains, l’assistance juridique, la prévention des VBG, la Communication pour le Changement de comportement (CCC).

En plus d’Abidjan (Yopougon Ouest, Adjamé, Abobo, Cocody), nous intervenons à Dabou, Grand Lahou, Jacqueville, Bouaké, Yamoussoukro, Dimbokro, Daloa et Zoukougbeu.

Le déroulement d’une séance de sensibilisation…

Avant les sensibilisations par groupe de 25 à 30 personnes, des séances de travail sont au préalable organisées avec les responsables des cibles, à savoir, les associations de femmes et de jeunes selon les catégories socio-professionnelles (coiffeurs/euses, couturiers/ères, menuisiers… ). Ces séances sont suivies de dépistage. En cas de séropositivité, les patients sont automatiquement pris en charge.

Pour les TS et les HSH (une communauté très fermée), les activités sont essentiellement menées par les Educateurs et Educatrices de pairs (EP) aussi appelés Agents de Santé Communautaire (ASC), sur les « points chauds » avec l’accord du responsable de site. L’EP réalise la sensibilisation individuelle ou de groupe sur un thème choisi à cet effet. Il ne faut pas les oublier car les inégalités et les préjugés (la discrimination et la stigmatisation) font stagner la lutte contre le VIH/sida. Cette cible est souvent hostile aux activités de sensibilisations compte tenu des VBG qu’elle subit, mais nous sommes parvenu à les mettre en confiance, et devons respecter le thème “l’égalité maintenant”.

Des solutions

En cas de VBG dans un ménage et/ou de viol, nous assurons la prise en charge médicale, juridique, judiciaire et psychologique des survivantes. Aussi, il y a un cadre de collaboration entre les points focaux Genre de la Direction générale de la police nationale (DGPN): c’est une avancée salutaire. Il en découle l’organisation de plaidoyers dans des différents commissariats et brigades de gendarmerie et la formation des points focaux sur les VBG.

Egalement, il existe une franche collaboration entre COVIE et les structures telles que Espace Confiance, la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (LIDHO), ENDA Santé.

Les résultats obtenus après trois ans de mise en œuvre du projet Spotlight

Après trois années de mise en œuvre, le projet Spotlight (financé par l’Union Européenne et l’ONU pour éliminer les VBG, les pratiques néfastes et des obstacles à l’accès aux droits à la santé sexuelle et reproductive) a permis aux populations/bénéficiaires de renforcer leurs connaissances sur les VBG et de connaître leurs droits et devoirs. Il a aussi permis de connaitre et de bénéficier la Prophylaxie post-exposition (PrEP) qui est une prise en charge médicale d’urgence pour les personnes exposées lors d’un rapport sexuel à risque et/ou de rupture de préservatifs…

Ainsi, les victimes des VBG n’ont plus peur de porter plainte et de dénoncer ainsi les auteurs au commissariat et/ou d’aller dans les centres de santé… Car nous avons obtenu une bonne collaboration avec la cellule genre de la DGPN, et par ricochet, la coopération avec les points focaux dans les commissariats de police et brigades de gendarmerie. Le silence n’est pas toujours la solution pour régler ce genre de problèmes: il faut dénoncer pour que les auteurs soient punis par la loi. Selon le rapport statistique 2020, ce sont 5 405 cas de VBG qui ont été rapportés et prise en charge dans les services sociaux en Côte d’Ivoire dont 822 cas de viols, parmi lesquels les enfants. C’est énorme!

Nous avons pu sensibiliser plus de 1.000 TS/HSH et leurs partenaires stables; et 125 cas ont bénéficié d’un appui médical. Au niveau des hommes en tenue ils a eu 150 points focaux qui ont été formé.

Prochaines étapes

Pour les prochaines étapes, nous comptons rechercher des financements pour la poursuite des activités, renforcer la collaboration avec les hommes en tenue ; faire des plaidoyers auprès des magistrats pour leur expliquer l’activité…

Source: Agence Ivoirienne de Presse