Ivory Coast Times

Ivory Coast Times

General

Côte d’Ivoire-AIP/ La Côte d’Ivoire, un pays avec un potentiel unique en Afrique de l’Ouest (diplomate iranien)

Abidjan, L’ambassadeur de la République islamique d’Iran en Côte d’Ivoire, Amir Hossein Nikbin, dans un entretien accordé à l’AIP, a évoqué plusieurs sujets à savoir la coopération entre la Côte d’Ivoire et l’Iran, la crise russo-ukrainienne, la dénonciation de l’oppression de l’Iran envers les femmes par certains médias et la question de l’AIEA ainsi que le récent rapprochement de l’Iran avec l’Arabie saoudite.

AIP : A quand remontent les relations entre l’Iran et la Côte d’Ivoire et comment se portent-elles aujourd’hui ?

Ambassadeur : En ce qui concerne les relations bilatérales entre la république islamique d’Iran et la Côte d’Ivoire, je dois dire que les relations politiques entre les deux pays remontent à environ un demi-siècle. La première communication entre les deux pays remonte à la visite de feu le Président Félix Houphouët-Boigny à Téhéran en 1971. Les relations politiques entre les deux pays sont dans un état favorable. La première session du comité politique des deux pays s’est tenue à Abidjan l’année dernière.

AIP : Et comment évolue cette coopération ?

Ambassadeur : Au regard et sur la base des bonnes relations politiques, nous essayons d’améliorer les relations économiques et commerciales entre les deux pays et la tenue de la deuxième commission mixte peut avoir un grand effet dans ce sens. La première session de la commission mixte s’est tenue à Téhéran en 2008. La deuxième session de la Commission économique mixte devait se tenir à Abidjan en octobre 2022, mais elle a été reportée en raison de problèmes régionaux et de contrainte des travaux par les autorités ivoiriennes. Nous attendons qu’une nouvelle date soit fixée pour cet événement. En outre, l’Organisation pour le développement du commerce de la République islamique d’Iran a récemment présenté son représentant à l’ambassade pour établir le premier centre commercial iranien en Côte d’Ivoire. Nous en avons d’ailleurs informé le ministère des Affaires Etrangères.

AIP : Quel est le niveau actuel des échanges commerciaux entre la Côte d’Ivoire et l’Iran ?

Ambassadeur : Selon les statistiques disponibles, le volume des échanges entre les deux pays s’est élevé l’année dernière à environ 55 millions de dollars, dont environ 20 millions de dollars pour les exportations de produits ivoiriens, notamment le cacao, les noix de cajou, le caoutchouc, l’huile de palme et le coton. Les principales exportations de l’Iran vers la Côte d’Ivoire portent sur les produits pétroliers, pétrochimiques, alimentaires, sanitaires et les matériaux de construction.

AIP : Quels sont les domaines qui intéressent l’Iran en Côte d’Ivoire et les projets dans lesquels le pays est engagé ?

Ambassadeur : En matière de santé, la clinique du Croissant-Rouge de la République islamique d’Iran fournit une assistance humanitaire à différentes couches de la population ivoirienne depuis environ 20 ans.

Parallèlement aux activités du Croissant-Rouge et dans le cadre de la coopération scientifique entre les deux pays, l’Université internationale Al-Mustafa contribue à la formation de la jeunesse ivoirienne dans divers domaines.

Nous croyons que la Côte d’Ivoire est un pays important avec un potentiel unique en Afrique de l’Ouest, qui est sur la voie de la croissance et du développement, et la République islamique d’Iran se déclare prête à renforcer et à développer les relations bilatérales dans tous les domaines avec ce pays ami et frère.

AIP : La Côte d’Ivoire est voisine de deux pays qui luttent fortement contre le terrorisme. Quelles sont les actions menées par l’Iran pour aider la Côte d’Ivoire à protéger ses frontières ?

Ambassadeur : Je voudrais vous dire que l’Iran est l’un des pays précurseurs en matière de lutte contre le terrorisme et a toujours été en première dans ce combat. Nous sommes donc disposés à échanger nos expériences dans les domaines de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme avec le pays ami qu’est la Côte d’Ivoire.

AIP : Quel est votre regard sur la crise russo-ukrainienne où votre pays est cité comme l’un des fournisseurs de drones militaires à Moscou ?

Ambassadeur : En ce qui concerne la question posée au sujet de l’envoi d’armes, y compris de drones militaires, par la République islamique d’Iran aux fins d’utilisation dans la guerre en Ukraine, je voudrais vous informer que ces allégations sont totalement infondées et visent à créer un environnement politique et ciblé pour les médias de certains pays contre la République islamique d’Iran. Concernant cette allégation, nous nous sommes mis d’accord avec la partie ukrainienne afin qu’elle nous fournisse tous les documents dont elle dispose et qui montrent que la Russie a utilisé des drones iraniens en Ukraine. Nous avons toujours déclaré que notre pays était prêt à parler et à négocier avec l’Ukraine dans le but de lever les ambiguïtés.

AIP : Quelle est votre position sur ce conflit?

Ambassadeur : Depuis le début du conflit jusqu’à maintenant, nous avons toujours clairement déclaré notre politique de principe basé sur la neutralité active et l’opposition à la guerre ainsi que sur la nécessité d’un règlement politique des différends entre les deux parties, loin de la violence.

Mais je voudrais mentionner deux points très importants. Premièrement, nous devons examiner les principales raisons et les racines de cette crise et voir quelles étaient les principales raisons de la guerre en Ukraine. Deuxièmement, la paix ne peut être réalisée que par le biais de l’aide et la fourniture d’armes à l’une des parties en conflit. Selon le secrétaire général de l’OTAN, jusqu’à présent, les pays occidentaux ont fourni environ 12 milliards de dollars d’aide en armement à l’Ukraine. La paix peut-elle être atteinte avec ces actions ?

AIP : Quelle position devraient adopter selon vous les Etats africains face au conflit OTAN-Russie ?

Ambassadeur : À mon avis, la neutralité est la meilleure position. En consultations continues, les deux parties devraient être encouragées à parler et à négocier pour parvenir à la fin des hostilités.

AIP : Des médias parlent de l’oppression des autorités iraniennes sur les femmes qui ne veulent plus porter le voile. Quelle est réellement la situation en Iran ?

Ambassadeur : En ce qui concerne la question du Hijab et sa publication dans les médias occidentaux, je dois dire que la question n’est pas telle qu’elle est présentée. Ce type de traitement par la presse de cette question, n’est rien d’autre qu’une conspiration médiatique d’ennemis ayant des objectifs politiques et visant à nuire au peuple et au système de la République islamique. Je vous propose, pour comprendre le vrai visage de l’Iran, d’aller demander à nos amies ivoiriennes qui se sont rendues en Iran en vue de participer au congrès des femmes influentes à Téhéran. Des amis tels que des représentants du parlement et du Sénat, ainsi que la présidente du Conseil des droits de l’homme et la responsable de l’Agence ivoirienne de presse. Elles étaient témoins oculaires de la situation des femmes en Iran.

AIP : Qu’en est-il exactement M. l’ambassadeur?

Ambassadeur : Il convient de noter qu’en ce qui concerne la question soulevée, le problème n’est pas seulement le voile des femmes et le Hijab. Les femmes ont d’autres questions sociales importantes. Des questions comme les études, l’emploi, leur place dans la famille et autres. Pour toutes ces problématiques, les femmes en Iran sont non seulement libres, mais la loi est également en leur faveur dans la plupart des cas.

Si vous vous intéressez de près à la question, vous verrez qu’après la victoire de la révolution islamique, les femmes iraniennes ont activement et librement joué un rôle dans divers domaines. Actuellement, 55 % des étudiants, 40 % des médecins, tout comme 33 % des professeurs de nos universités sont des femmes. Ce sont des points auxquels les médias occidentaux ne veulent pas faire allusion.

AIP : Quelle est votre opinion sur les récents développements entre l’Iran et l’Arabie saoudite ?

Ambassadeur : Concernant cette question, je dois dire que l’annonce de la normalisation des relations entre la République islamique d’Iran et le Royaume d’Arabie saoudite peut être considérée comme l’un des événements les plus importants au monde durant cette année. Cet accord, qui a été conclu par l’entremise et l’assistance de la République populaire de Chine à la suite des efforts et poursuites passés de la République d’Irak et du sultanat d’Oman, jouera un rôle important dans la convergence et le développement de la coopération régionale en Asie de l’Ouest. Ainsi, face à cet événement important et à l’ombre d’un régionalisme basé sur des intérêts communs, nous pouvons espérer que l’avenir de l’Asie de l’Ouest et de la région du Golfe Persique, avec sa position géopolitique très importante, ses ressources énergétiques abondantes et ses ressources financières abondantes, sera en faveur de la prospérité des habitants de la région.

Lors de la récente rencontre entre le ministre des Affaires étrangères de la République islamique d’Iran et son homologue saoudien, qui a été organisée par Pékin, les deux parties ont souligné leur volonté et leur détermination à un plus grand alignement.

AIP : Où en êtes-vous dans les discussions avec l’AIEA ?

Ambassadeur : La République islamique d’Iran est engagée dans la diplomatie et la considère comme le meilleur cadre pour résoudre les différends, tant au niveau bilatéral que multilatéral. L’entrée de l’Iran dans les négociations pour résoudre la question nucléaire, qui a conduit à la conclusion de l’accord JCPOA (L’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, ndlr), était également fondée sur la conviction et l’engagement de l’Iran à l’efficacité de la diplomatie multilatérale.

AIP : Et quels commentaires faites vous des dernières mesures prises?

Ambassadeur : En ce qui concerne les dernières mesures prises, le voyage de M. Grossi à Téhéran s’inscrivait dans la continuité des efforts diplomatiques visant à ouvrir une voie meilleure et plus proche pour résoudre certains désaccords techniques dans les relations entre la République islamique d’Iran et l’Agence internationale de l’énergie atomique, qui a heureusement conduit à de bonnes ententes et nous espérons que si ce processus aboutit et que les actions responsables de l’Agence internationale de l’énergie atomique sont achevées, le terrain sera favorable au règlement des différends techniques.

Nous avons été témoins que le directeur général de l’Agence, M. Rafael Grossi, à la fin de son voyage en Iran, lors d’une conférence de presse conjointe avec M. Eslami, le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, a déclaré que la République islamique d’Iran et l’Agence sont pleinement disposées à faire avancer les questions litigieuses. Tout en admettant la coopération continue de l’Iran avec l’Agence, il a également déclaré que ses visites en Iran ont toujours été efficaces. Il est donc tout à fait clair que l’Iran recherche un règlement pacifique des différends.

Mais comme je l’ai dit au début, la voie de la diplomatie est une voie à double sens, et nous devons voir si l’autre côté respecte ses engagements lorsque nous remplissons les nôtres.

Source: Agence Ivoirienne de Presse