Côte d’Ivoire-AIP/Interview/” Notre capacité de détection de la fraude s’améliore d’année en année ” (Directeur adjoint de la lutte contre la fraude à CIE-SODECI)
Dans sa quête de réduire et minimiser la fraude sur l’eau, le directeur adjoint de la lutte contre la fraude à la Compagnie ivoirienne d’électricité et à la Société de distribution d’eau de Côte d’Ivoire (CIE- SODECI), Sekongo Tannignigui révèle dans une interview accordée à l’AIP, que la capacité de sa structure s’affirme et s’améliore d’année en année.
Comment se manifeste la fraude sur l’eau ?
Au niveau du réseau de distribution d’eau potable de la SODECI, nous avons deux grandes problématiques de fraude. La première problématique concerne des fraudeurs qui ne sont pas des clients de la SODECI. Ce sont des distributeurs clandestins ou des revendeurs illicites. Ils construisent des réseaux frauduleux les conduites d’eau de la SODECI et distribuent l’eau sans passer par un compteur. Cette eau consommée sans être enregistrée par un compteur SODECI, ne peut donc pas être facturée. La deuxième problématique, concerne des clients SODECI, qui décident de se détourner volontairement des règles en se connectant frauduleusement sur le réseau d’eau. L’objectif principal de ces clients fraudeurs est d’éviter l’enregistrement total de leurs consommations.
Quelle est la politique et les actions menées par la SODECI pour faire face à ces problématiques ?
Face à cette situation de fraude généralisée sur le réseau de distribution d’eau, la direction générale de la SODECI a mis en place la direction de lutte contre la fraude, dont la mission essentielle est l’éradication de la fraude. L’action portée par cette direction de lutte contre la fraude a pour fondement l’application des lois en vigueur, notamment l’article 465 du code pénal pour réprimer respectivement la fraude sur l’eau.
Notre capacité de détection de la fraude s’améliore d’année en année. Chaque année un plan de lutte contre la fraude est défini et validé avec les directeurs régionaux d’exploitation de SODECI tenant compte de leurs priorités, du contexte et enjeux du moment.
Comment se font les opérations de contrôle sur le terrain ?
Les opérations sont précédées d’analyse de données et d’enquêtes. Aujourd’hui avec le digital, nous avons des outils nécessaires nous permettant de mieux cibler les fraudeurs avant d’engager des actions.
Des agents ne biaisent-ils pas vos opérations de lutte contre la fraude de par leur complicité ou la corruption ?
Quand la complicité d’un collaborateur de la SODECI est avérée, il subit la rigueur de la loi.
Qui sont les fraudeurs ?
La fraude sur l’eau concerne toutes les couches de la société. Nous avons des chantiers d’immeubles dans des quartiers structurés qui sont construits avec des réseaux frauduleux. Dans ces quartiers, on a des lavages d’autos, des piscines, qui sont alimentés par des réseaux frauduleux. On a même des cas d’usines qui ont été pris en fraude sur l’eau. La fraude n’est donc pas du fait des quartiers périurbains seulement.
Quelles sont les sanctions encourues par ces fraudeurs ?
Les sanctions prévues par l’Etat sont de plus en plus sévères. Quand un client SODECI fraudeur ou un bénéficiaire d’un réseau frauduleux est interpelé, il a la possibilité de solder le montant de la fraude ou de subir la rigueur de la loi. Mais les responsables des réseaux illicites, même s’ils soldent leurs facteurs, sont déférés pour être jugés parce qu’ils sont la racine de la fraude.
Peut-on avoir une idée du nombre de fraudeurs interpellés ?
Au niveau de la SODECI, nous avons interpellé 2.867 fraudeurs de janvier 2021 à fin juillet 2021 soit 2.115 à Abidjan et 752 à l’intérieur du pays.
A combien se chiffre les pertes sur la fraude ?
Nous sommes autour de 16 milliards FCFA de perte par an au niveau de la fraude sur l’eau.
Existe-t-il des actions pour accompagner les populations alimentées par des réseaux frauduleux à sortir de la fraude?
Nous avons au sein de la SODECI, des offres pour aider les populations à sortir de la fraude. A la SODECI, il s’agit du plan d’Amélioration des performances techniques et financières (APTF) à travers lequel le coût d’acquisition du compteur est très réduit.
Source: Agence Ivoirienne de Presse