Ivory Coast Times

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AIP/ Le barrage hydroélectrique de Singrobo-Ahouaty, un modèle inédit en Côte d’Ivoire (Feature)

La construction du barrage hydroélectrique de Singrobo-Ahouaty sur le fleuve Bandama, dans la circonscription administrative de Taabo (Sud), se déroule selon un modèle unique en Côte d’Ivoire tant dans sa conception ‘’financière’’ que dans sa réalisation technique, a appris l’AIP, mercredi 29 mars 2023, à l’occasion d’une visite d’imprégnation initiée par le porteur du projet, Ivoire Hydro Energy (IHE), à l’intention du corps préfectoral des départements de Taabo, Tiassalé et Sikensi, conduit par le préfet de région de l’Agnéby-Tiassa, préfet du département d’Agboville, Sihindou Coulibaly. (Reportage)

Le PAHSA, un modèle inédit en Côte d’Ivoire

Porté par Ivoire Hydro Energy (IHE), un groupe privé ivoirien présidé par Alain Ekolan Etty, le Projet d’aménagement hydroélectrique de Singrobo-Ahouaty (PAHSA) est le premier de type partenariat public-privé (PPP) signé par l’Etat ivoirien dans le domaine de la production hydroélectrique.

Inscrit dans la politique de la Côte d’Ivoire, le PAHSA est attentif aux aspects environnementaux et sociétaux en assurant un impact positif sur l’environnement, le développement des populations locales et la préservation de la biodiversité.

Long de 1 400 mètres, le barrage sera constitué essentiellement d’une digue en enrochement et va relier les villages de Singrobo (rive gauche) et d’Ahouaty (rive droite). Il sera d’une puissance de 44 mégawatts pour une production 212 giga wattheure, soit l’équivalent de la quantité d’énergie produite par les barrages d’Ayamé 1 et 2 réunis.

Le barrage devrait être mis en service au premier trimestre 2024, selon un modèle d’exploitation BOT (Build, Transfer and Operate), sur 35 ans. Toutefois, la mise en service du poste de 90 kV est prévue pour août 2023, a annoncé le directeur général (DG) de IHE, Christophe Blairon. A la date du 29 mars 2023, le taux d’exécution des travaux est de 80%.

Des piliers solides pour une exploitation optimale du PAHSA

La construction de la centrale hydroélectrique de Singrobo-Ahouaty repose sur trois piliers solides, selon des standards internationaux.

Le premier pilier repose sur la santé et la sécurité au travail, avec pour objectif, ‘’zéro accident et zéro maladie professionnelle’’. Pour ce faire, IHE s’engage à appliquer les exigences nationales et internationales qui ont abouti à l’enregistrement d’aucun incident sévère EandS, sur 1 836 436 heures travaillées jusqu’en janvier 2023.

Le 2e pilier porte sur l’inclusion sociale, à travers un Plan d’action de réinstallation (PAR) élaboré en 2016 et mis en œuvre de janvier 2019 à avril 2021. A ce niveau, sur 750 personnes affectées, 97% (729) ont été indemnisées, toutes les plaintes reçues ont été résolues. De plus, des programmes sociaux ont été mis en œuvre, à savoir le Plan de développement communautaire, l’Appui à l’amélioration de la productivité des cultures, le Plan de développement de la pêche.

Selon les statistiques de janvier 2023, en termes de recrutement, le PAHSA affiche 835 emplois créés (directs et indirects), soit 88% au profit des Nationaux, 27,1% (profitant aux cinq localités autour du projet) et 8,73% (femmes de toutes nationalités). D’un montant de 2 626 897 299 FCFA pour 426 897 299 FCFA exécuté à ce jour (environ 20%), les actions sociales, quant à elles, consistent, entre autres, en des dons de matériels, au parrainage de la célébration de l’excellence scolaire, à l’appui aux cas sociaux.

Pour ce qui est de la préservation du patrimoine archéologique, le Projet comprend un projet archéologique en relation avec le ministère de l’Agriculture, un projet de construction d’un musée et des bourses d’études octroyées à deux étudiants issus de la communauté riveraine.

Le pilier N°3 concerne la protection de l’environnement. A ce titre, un Plan d’actions pour la biodiversité (PAB) en 27 mesures a été conçu. Ces mesures visent les habitats et la faune aquatiques, les habitats et les faunes terrestres ainsi que les alternatives de revenus pour les communautés locales.

Le barrage de Singrobo-Ahouaty, une bouée de sauvetage pour les communautés riveraines

Le chantier du projet d’aménagement hydroélectrique de Singrobo-Ahouaty qui pousse à 122 km d’Abidjan au Nord d’Abidjan, sonne comme une bouffée d’oxygène surtout pour les communautés riveraines. En plus des centaines d’emplois qu’il génère, le PAHSA draine nombre de projets ayant pour vocation la sauvegarde de l’environnement, la réduction de la pauvreté, l’amélioration des conditions de vie et de travail.

En remettant les clés d’un bâtiment de trois classes construit à l’école primaire de Singrobo, avec équipement en 150 tables-bancs, un bloc de quatre latrines et le bureau du directeur de l’établissement scolaire, le directeur général (DG) de IHE a évoqué les différents ‘’plans’’ orientés vers le développement de la pêche, le développement de la productivité agricole, la préservation de la biodiversité, le développement communautaire. Le Plan de développement communautaire est un programme visant la mise en œuvre d’actions de développement communautaire orientées vers la création d’ouvrages collectifs de base (éducation, santé, alimentation en eau potable, etc.) dans les zones d’influence du projet, à savoir Singrobo, Ahouaty, N’Dénou, Ahérémou 1 and 2, Pacobo.

Outre son engagement à renforcer le potentiel énergétique de la Côte d’Ivoire, le barrage constitue un catalyseur de développement local avec plus d’un millier d’emplois directs et indirects créés dans la région sur la période de construction.

Un projet structurant

L’infrastructure de Singrobo-Ahouaty est un projet structurant consistant à construire un barrage de 44 MW avec une énergie productible annuelle de 217 GWh sur le fleuve Bandama. Les travaux ont effectivement débuté le 18 mai 2020 et la mise en service est prévue pour le premier trimestre 2024. Le coût des travaux est évalué à plus de 200 millions d’Euros (220 millions USD), soit plus de 131 milliards FCFA. L’ouvrage est construit par l’entreprise Eiffage, avec le bureau d’études STUDI International pour le contrôle et la supervision des travaux.

« Aujourd’hui, on a un niveau d’avancement d’environ 80%. Les ouvrages de génie civil sont en train de se terminer et peu à peu, ils laissent la place aux équipements puisqu’un barrage, c’est un mélange ici de remblai rocheux, de beaucoup de béton et puis des équipements qui sont très importants. Les équipements comme les vannes et les batardeaux qui sont en cours de montage et puis bientôt, vont venir les équipements électriques, les turbines et les alternateurs qui vont permettre de produire la puissance nécessaire de 44 mégawatts destinée au fonctionnement du barrage », déclare Sylvain de Cultueu, le directeur de projet pour la construction du barrage au niveau de Eiffage RMT qui travaille pour IHE pour la construction et la conception du barrage.

Etant actuellement en pic d’activité, Eiffage emploie 300 personnes travaillant sur le site et en comptant les partenaires extérieurs, ce sont plus de 500 personnes qui travaillent quotidiennement sur le projet pour la construction du barrage. « Ces personnes viennent aussi bien des villages environnants -Singrobo, Ahouaty, Pacobo- et pour les profils plus spécialisés, on fait venir de la main-d’œuvre d’Abidjan », précise M. de Cultueu.

Les équipements, à savoir les vannes et les batardeaux, les grosses pièces métalliques qui vont fermer le barrage sont déjà en cours de montage. A partir de juin, le constructeur va pouvoir commencer l’installation des turbines et les alternateurs qui vont produire l’électricité. « La ligne électrique qui permet de décharger l’électricité vers le réseau national ivoirien est en cours de montage et sera terminée au moins de juin », note-t-il.

« En gros, tout ce qui est génie civil, hydromécanique est en phase de finalisation et il va nous rester tout ce qui est la partie électromécanique. (…) A la fin de cette étape-là, on aura ce qu’on appelle le commissioning, les tests de démarrage et puis la mise en production qui est prévue début 2024 », confirme le DG de IHE. D’après Christophe Blairon, les grosses étapes qui restent consistent en la déviation du bras droit de la rive vers le bras gauche d’ici juin, à finaliser le trou au niveau de la rive droite et finaliser tout ce qui est béton Le remplissage du réservoir est prévu pour début août 2023 et la mise en service de l’installation, au premier trimestre 2024.

Une collaboration étroite avec l’Etat pour la réussite du PAHSA

A l’issue d’une visite destinée à informer le corps préfectoral de la zone impactée par le PAHSA, le DG de la compagne Ivoire Hydro Energy a justifié l’initiative de cette tournée à la base technique, la base vie, la cité des travailleurs, le batardeau, les routes d’accès provisoires, l’usine et le canal d’exhaure.

« Pour nous, c’est très important. Le succès de ce projet ne peut être qu’un succès grâce à la collaboration entre l’Etat et le promoteur, c’est-à-dire IHE. Dans l’Etat, nous avons l’autorité concédante qui est CI-Energies mais nous avons également tout ce qui est l’autorité locale et nationale. Et donc, à ce titre, nous avons une forte collaboration avec les trois préfectures qui sont invitées ici, principalement la préfecture de Taabo. (…) Ça nous permet d’avoir une paix sociale au niveau des villages, ça nous permet de s’assurer que tout ce que nous mettons comme politique de compensation est faite suivant les règles et les normes de Côte d’Ivoire mais également on respecte les standards de nos prêteurs internationaux, et ça permet également de s’assurer que ce que nous mettons en œuvre que ce soit au niveau environnemental (faune, flore), au niveau social, est bien respecté et que on ne laisse personne de côté et que la contribution du projet se fait à son juste milieu », d’où cette mission de visite « juste pour les préfets », explique Christophe Blairon.

« C’est un ouvrage de grande envergure et c’est une première en Côte d’Ivoire où l’Etat (…) a concédé aujourd’hui, une partie à un opérateur privé… Le barrage, les retenues d’eau ont des répercussions sur l’ensemble du département », renchérit le préfet de région de l’Agnéby-Tiassa. Sihindou Coulibaly souligne que pendant la construction de ces ouvrages, des heurts surviennent parfois avec les populations. Il est donc important pour le corps préfectoral de s’imprégner de toutes les étapes de la construction du barrage.

« Nous avons regardé, nous avons vu, nous avons constaté que c’est des travaux gigantesques, des travaux de grande main qu’il faut continuer d’encourager. En partant d’ici, nous sommes convaincus que le rôle du corps préfectoral sera déterminant dans la réussite de ce travail », poursuit le préfet, saluant les différents aspects du projet lui-même, les différentes déclinaisons au niveau de la culture, au niveau de la protection de la nature, de la création d’emplois. A la fin de ce projet, relève-t-il, un comité sera mis en place où le préfet sera amené à gérer les situations, parce que sur le fleuve Bandama, il y aura le barrage de Kossou, le barrage de Taabo et celui de Singrobo-Ahouaty. « Il faut une régulation entre ces trois barrages, c’est important pour la production de l’énergie… Un dispatch a été créé à Yamoussoukro, ça veut dire que toute l’électricité qui va être produite en Côte d’Ivoire sera distribuée à partir de là… Donc, on demandera à chacune des structures de pouvoir améliorer sa production. Et c’est le corps préfectoral qui, en accord avec les opérateurs, sera au premier plan pour réussir cette mission », conclut l’administrateur civil.

La Côte d’Ivoire produit 1 975 MW d’électricité, fournie à 72,5% par quatre centrales thermiques et 27,5% par six centrales hydrauliques. Depuis 2012, le pays entreprend des projets de construction d’ouvrages de production pour porter la puissance installée à environ 4 000 MW en 2020 et plus de 6 000 MW en 2030. Ce Projet s’inscrit dans la droite ligne de l’ambition du président de la République, Alassane Ouattara, de faire en sorte que 45% de l’énergie produite en Côte d’Ivoire d’ici 2030, soit de l’énergie renouvelable.

(Reportage réalisé par Coulibaly Maryam Angèle Sonia)

(AIP)

cmas

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Fiche technique de la centrale hydroélectrique de Singrobo-Ahouaty

Barrage

* Un barrage en enrochement homogène sur les deux rives:

Capacité du réservoir : 105 hm3

Surface du réservoir à la retenue normale: 20 km²

Hauteur de retenue d’eau maximale (RN): 65.50 m

Hauteur de retenue d’eau maximale (PHE): 66.00 m asl

Longueur de la crête (barrage principal + rive gauche): 1 380 ml

Hauteur de crête: 68.50 m asl

Hauteur minimum d’opération: 62.50 m asl

Hauteur depuis la fondation: 32.50 m asl

Evacuateur de crue: 2 745 m3/s

Déversoir

Prise d’eau

Canal de fuite (1 540 ml)

Débit réservé (12 m3/s)

Usine

Débit: 216 m3/s

Puissance installée: 44 MW

Nombre de turbines: 2 (horizontales)

Cité

Cité d’exploitation (35 familles)

Cité des travailleurs (264 lits)

Infrastructures associées

Sous-station de 90-33 kV

2 lignes haute tension 90 kV (+/- 3 km)

Infrastructures temporaires

Base Vie/bureaux IHE/EIFFAGE (100 lits)

Base technique (centrale à béton, concasseurs, bâtiments techniques Méc/tech HM et EM/préfab/labo/stock/station carburant, …)

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