Ivory Coast Times

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Côte d’Ivoire-AIP/Inter/ RCA : l’envoyé de l’ONU inquiet des conséquences négatives de la contre-offensive militaire pour anéantir la guérilla

L’envoyé de l’ONU en République centrafricaine, Mankeur Ndiaye, s’est dit préoccupé, mercredi 23 juin, par les conséquences négatives générées par la contre-offensive militaire des forces de défense et de sécurité, des forces bilatérales et d’autres personnels de sécurité, pour anéantir la guérilla imposée par la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), selon ONU Info.

« Nous vivons actuellement, au centre et au nord-ouest de la RCA, une guerre asymétrique avec les groupes armés de la CPC majoritairement responsables des violations graves des droits de l’homme », a-t-il indiqué. « Il en a résulté une crise humanitaire sans précédent avec de nouvelles vagues de déplacements et 57% de la population qui requiert une assistance humanitaire », a expliqué Mankeur Ndiaye, chef de la Mission des Nations Unies en RCA (MINUSCA), devant les membres du Conseil de sécurité.

Il a regretté de voir que « le renforcement de la présence des forces de défense et de sécurité ainsi que le déploiement des forces bilatérales et autres personnels de sécurité, perçus par les populations comme une réponse rapide et efficace aux menaces causées par la CPC, n’aient pu générer l’effet escompté en faveur de la protection des populations civiles ».

En effet, jamais, par le passé, les violations des droits de l’homme et manquements au droit international humanitaire imputables aux Forces armées centrafricaines (FACA), forces bilatérales et autres personnels de sécurité, documentées avec exactitude dans les zones sous leur contrôle, n’ont égalé les propensions documentées par la MINUSCA et portées à l’attention des autorités nationales.

« Cela compromet toute chance de bâtir une cohésion sociale et d’établir une relation de confiance entre les administrés et les gouvernants, aggrave la marginalisation de certaines communautés et fait craindre la radicalisation des groupes armés », a indiqué l’envoyé de l’ONU, rappelant que ces mêmes facteurs avaient conduit à la crise institutionnelle sans précédent de 2013.

« Ceci pourrait ruiner les maigres progrès difficilement réalisés dans la quête d’une cohésion sociale et de la réconciliation nationale », a-t-il mis en garde.

Il a ajouté que le déploiement des forces bilatérales ne peut avoir d’utilité et de légitimité qu’à condition de « contribuer à la protection des civils contre les exactions des groupes armés, et de mettre fin à la violence pour libérer, les femmes, les enfants et les populations civiles de la terreur qui les habite ». Ceci permettra de créer un environnement propice à la recherche d’une solution politique durable à la crise centrafricaine.

Mais il regrette de constater que le nombre d’incidents de violences sexuelles liées au conflit, enregistré au premier trimestre 2021 est cinq fois supérieur à celui documenté au dernier trimestre 2020.

La mise en place le 4 mai d’une commission d’enquête spéciale pour élucider les allégations de violation du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises par les forces armées centrafricaines, leur allié bilatéral et autres personnels de sécurité, devrait permettre d’établir toutes les responsabilités de façon impartiale et en tirer toutes les conséquences judiciaires et politiques.

Le chef de la MINUSCA a indiqué que la mission des Nations Unies s’est trouvée régulièrement confrontée à des restrictions de mouvements, fouilles de ses véhicules, harcèlement et menaces de son personnel et violations de ses bases de la part des forces nationales de défense et de sécurité.

Il a rappelé la récente invasion de la base d’opérations de Bria, dans la préfecture de la Haute-Kotto, par les FACA venues s’approvisionner en carburant de force.

Ce contexte sécuritaire actuel n’épargne pas non plus les acteurs humanitaires, a ajouté Mankeur Ndiaye. Alors que 57% de la population a besoin d’assistance et de protection et que 700.000 personnes sont exposées à la famine, les travailleurs humanitaires ont été 225 fois la cible d’attaques sur les cinq premiers mois de l’année 2021.

L’envoyé de l’ONU a aussi exprimé son inquiétude sur la fréquente utilisation d’engins explosifs. « Cette situation est d’autant plus condamnable qu’elle restreint la liberté de circulation des populations, empêche les activités économiques y compris l’agriculture, l’élevage et le commerce, et réduit la mobilité de la MINUSCA et des acteurs humanitaires », a-t-il indiqué.

Le Représentant spécial a déclaré que « la cohabitation des forces internationales avec la MINUSCA ne peut plus prospérer sans amoindrir l’efficacité de la Mission ». Il a réitéré sa détermination à mettre en œuvre le mandat de la mission, malgré les défis. Il compte sur le soutien de tous les membres du Conseil, pour que des mesures adéquates soient immédiatement prises pour créer les conditions optimales pour l’efficacité, l’efficience et l’accroissement des performances de la MINUSCA.

« La MINUSCA est résolue à exécuter son mandat et entretient un dialogue stratégique de haut niveau avec le Président, le Premier ministre et les autorités compétentes pour créer les conditions favorables à l’exécution du mandat de la MINUSCA », a-t-il indiqué. « Cependant, la sécurité des troupes et du personnel onusiens reste un impératif indérogeable ».

Rappelant l’incident du 30 mai dernier, dans le Nord-Ouest de la RCA, zone particulièrement marquée par les opérations contre la CPC, où une délégation a été mise en joue, il a indiqué que cet incident, « ne nous fera cependant pas renoncer à exercer notre mandat dans la zone », indiquant que la MINUSCA continuera à protéger les populations civiles, à soutenir l’assistance humanitaire et à en maintenir l’accès sur toute l’étendue du territoire centrafricain. « Ceci vaut également pour la liberté de mouvement de la Mission », a-t-il ajouté.

À l’heure actuelle, 40 éléments additionnels de l’Unité de Police Constituée rwandaise ont déjà été déployés et 300 autres militaires des forces rwandaises sont attendus la fin du mois de juin et début juillet. « Ce renfort permettra, entre autres, d’accroître la présence de la Mission sur le territoire et ainsi renforcer la protection des civils et de garantir la sécurité et la sureté des Casques bleus faire face aux menaces émergentes ».

Il en a profité pour dénoncer les campagnes de désinformation, d’incitation à la violence physique contre le leadership, le personnel et les biens de la MINUSCA et de certains partenaires internationaux qui ont déjà fait l’objet de stigmatisation aux conséquences imprévisibles. « Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin du soutien du Conseil », a-t-il ajouté.

Au sujet de l’accord de paix, M. Ndiaye a souligné que les efforts entrepris pour la revitalisation de cet accord témoignent de la viabilité de cet outil pour la paix et la stabilité en RCA.

Le cadre de dialogue qu’il continue d’offrir doit servir à la mise en œuvre des engagements des parties signataires. « J’y vois une opportunité renouvelée d’accélérer la dissolution des groupes armés et le réengagement dans l’Accord des éléments prêts à se dissocier de la CPC et à renoncer à la violence ».

Il a réitéré l’engagement de la MINUSCA pour soutenir le gouvernement, en synergie avec les autres partenaires internationaux, dans la mise en œuvre de l’Accord « comme dans celle de sa stratégie de restauration de l’autorité de l’État, notamment dans le renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité ».

Malgré les innombrables défis, le chef de la MINUSCA a indiqué qu’il existe une opportunité, « portée par le nouveau gouvernement à venir et notamment dans le cadre de l’Accord politique, de faire renouer de manière pérenne la Centrafrique avec la stabilité, la paix et le développement ».

Source: Agence Ivoirienne de Presse